Scène de genre

Il n’est pas toujours aisé de catégoriser l’œuvre de l’artiste palois, tant cette sorte de symbolisme chrétien est transversale dans son travail. Plusieurs œuvres à caractère et sujet religieux et des œuvres à caractère mythologique peuvent facilement être considérées comme des scènes de genre, tant cet aspect humain paisible et familier transcende toute sa création. Hormis la Partie de golf et quelques rares scènes liées au monde du travail (mitron, forgeron) ou à la pêche de loisir, nous ne trouverons chez le peintre aucune illustration de la vie paloise de cette époque. Ni les fêtes mondaines ou populaires, ni les fanfares, processions, rassemblements militaires du 18ème RI, ni les manifestations du Casino, ambiances de cafés, théâtres, absolument rien de tout cela n’est présent dans l’œuvre de Joseph Castaing.

La couture, la fontaine, la veillée, la lecture, ou la musique, sont ses thèmes favoris. Les personnages sont surtout des femmes et des enfants, souvent dessinés au sein de sa propre famille, des vieillards aussi, quelques amis. C’est dans ces œuvres intimes que le rapprochement avec Carrière est le plus saisissant. L’ambiance souvent vespérale, un peu brune, et intime, confère aux scènes une certaine sacralité. Un simple enfant qui dort, veillé par sa mère, pourrait tout aussi bien représenter le sommeil de l’Enfant Jésus… inversement, une Vierge à l’Enfant, même si d’elle émane une forte présence religieuse, est aussi et avant tout une mère entourant de ses bras son enfant tant aimé.

Certaines scènes laissent transparaitre aussi une crainte, celle de la mort du nourrisson fragile enlevé à ses parents, tragédie si fréquente encore à l’époque, et que les Castaing ont connue par deux fois. Avec la naissance du dernier enfant, Jacques, le 29 septembre 1910, cette crainte est bien perceptible : les œuvres sur le thème de la veillée, de la protection, se multiplient. Jacques et l’aînée des enfants, Marie, qui s’occupe beaucoup de lui, sont les plus représentés de la famille dans les scènes de genre à partir de ce moment. D’ailleurs 1911 sera l’occasion d’une belle série de portraits à la sanguine de tous les enfants du couple. Rien de morbide ou d’angoissant dans ces scènes n’est lisible ; on a plutôt le sentiment que la vie est quelque chose de précieux qu’il faut protéger et dont il faut apprécier chaque moment.