Art sacré

L’art sacré, que ce soit par le biais de vastes décorations d’églises et de chapelles de collège, principalement dans le Béarn, ou par les tableaux de chevalet, occupe une place importante dans l’œuvre de Joseph Castaing. Lui-même catholique très pratiquant (il va à la messe aussi souvent que possible, au mieux tous les jours), c’est avec, on s’en doute, une motivation toute particulière qu’il aborde ces sujets. Souvent ce sont sa femme et ses enfants qui lui servent de modèles, pour camper une Vierge à l’Enfant, un ange musicien, ou un enfant de chœur.

Choeur d’anges. Eglise de Verdets, 1912

C’est en 1893, peu après son retour à Pau, qu’il reçoit sa première commande, quatre toiles sur les épisodes de la vie de saint Vincent, pour l’église éponyme d’Aramits. C’est un ancien condisciple de ses années d’études à Bétharram, devenu l’abbé Lafargue, qui lui permet de faire entrer son œuvre dans l’art sacré français. En tout 26 sites sont recensés ; parmi les plus importants, un cycle complet pour la chapelle du collège Notre-Dame d’Oloron entre 1894 et 1898, puis la décoration d’une partie de l’église Saint-Jacques de Pau, sur plusieurs campagnes (1898, 1903 et 1906), l’église d’Assat en 1903, celle de Rébénacq en 1904, la chapelle du collège Notre-Dame de Bétharram entre 1909 et 1911, et quelques autres églises entre 1911 et 1914. La majorité des décorations est constituée de toiles marouflées sur les murs de l’édifice, imitant le procédé ancien de la fresque, en vogue à cette époque ; plusieurs églises intègrent aussi des tableaux traditionnels simplement accrochés aux murs.

Le corps de saint Vincent abandonné aux loups. Eglise d’Aramits, 1895

Joseph Castaing a non seulement durablement marqué le paysage artistique religieux des Pyrénées-Atlantiques, et du Béarn en particulier, mais il est également à l’origine du renouveau de l’art sacré dans cette « région ». Son abnégation personnelle religieuse est parfaitement sensible sur les différentes toiles et c’est incontestablement cette sincérité, cette énergie personnelle mise dans son travail, qui donne sa force à cet ensemble. On ne peut s’empêcher de relier ici sa pensée à celle de Maurice Denis qui voulait lui aussi unifier le sentiment religieux dans la décoration pour faire revivre cet esprit « préraphaélite » des primitifs italiens, largement atténué, sinon perdu depuis.

Bien évidemment, pendant toutes ces années son style pictural a évolué, parfois vers un synthétisme prononcé parfois vers un réalisme plus marqué. Parfois les scènes sont plus naturalistes et à d’autres moments plus théâtralisées. Cependant Castaing se rattache directement aux primitifs italiens comme Fra Angelico ou Filippo Lippi, qu’il a découverts lors de son voyage en Italie. Il ne faut toutefois pas négliger l’influence incontestable qu’a exercée Puvis de Chavannes, grand décorateur de la fin du XIXème siècle, et que le Palois admirait beaucoup, dans la simplification des formes et des couleurs, dans la lisibilité du sujet. Joseph Castaing participe d’un idéalisme philosophique et visuel plutôt qu’une idéalisation esthétique, passant par une atmosphère poétique. La simplicité et la pureté des sentiments imprimés aux personnages leur confèrent un mélange étonnant, peut-être contradictoire mais bien présent, de proximité humaine et d’intemporalité.

Salve Regina. Eglise Saint-Jacques, Pau, 1906

La grande décoration de l’église Saint-Jacques de Pau, l’une des plus ambitieuses de sa carrière, pour laquelle il a été laissé libre quant à la composition, sera, malgré quelques critiques formelles, saluée par la presse lors de son inauguration : «  […] le peintre a réussi à concentrer dans son triptyque une poésie religieuse intense […] Ces charmants enfants qui chantent et qui jettent des fleurs c’est dans sa famille que Castaing en trouva les charmants modèles. Les anges blonds dans leurs robes de nuages furent rêvés par un croyant. Et sur ces trois grandes compositions, dans un poudroiement de verrières, se marient des couleurs douces, les bleus pâles, les rouges éteints, les blancs laiteux, les roux mordorés.

« […] au point de vue artistique l’inspiration de l’œuvre rappelle, de loin sans doute, mais rappelle quand même les Primitifs qui dans leur foi puisèrent du génie. » (X. de Cardaillac, Le Patriote des Pyrénées, 17 décembre 1906. Pau)

En dehors des décorations, Castaing a peint une quarantaine de tableaux religieux, huile, pastels et sanguines, en majorité des Vierges et Vierges à l’Enfant. Il faut noter que plusieurs pastels ou sanguines représentant une tête de Vierge étaient destinés à être offerts à des premiers communiants.