Portrait
Avec plus de 250 portraits recensés à ce jour, Joseph Castaing est un peintre qui a marqué le paysage culturel local. La plupart étant encore dans les familles d’origine, il est très difficile d’en faire un catalogue fiable et exhaustif. Le portrait est un exercice bien particulier qui ne tient pas seulement de la virtuosité et du goût de l’auteur, mais aussi du bon vouloir du modèle et de la relation qui se noue avec lui. La commande est un impératif et pour le portrait elle laisse assez peu de liberté à l’artiste.
Les relations nouées avec la famille Tardieu, dont l’épouse et les filles suivent assidûment le cours de dessin à l’atelier, ouvrent la possibilité au peintre de rencontrer des personnalités appartenant à la bourgeoisie et l’aristocratie paloises qui feront le terreau de son activité de portraitiste. Souvent décrit comme le peintre de la société paloise de la Belle-Époque (édiles locaux, notaires, médecins, commerçants, aristocrates, écrivains, musiciens), il a aussi beaucoup représenté sa propre famille (près du quart des portraits tout de même), ses amis, des voisins, même.
Chez Joseph Castaing, dans la très grande majorité des cas, seul le buste sera figuré, au pastel ou à l’huile, parfois au fusain, souvent à la sanguine lorsqu’il s’agit des portraits familiaux. Il n’y a pas de règle stricte cependant. Parfois le fond sombre et indéfini s’orne d’une évocation paysagère, sans localisation précise, surtout à partir de 1913. La plupart du temps, aucune indication sur l’activité ou la profession du modèle, pas de mise en avant de sa position sociale, même si celle-ci peu se deviner plus ou moins aisément. C’est que Castaing s’attache avant tout à l’âme. Sa conception du portrait est héritière de longues générations qui voient dans le visage le miroir de l’âme, et pour ce faire, l’environnement, décor et vêtement, ne sert qu’à souligner la figure, plus éclairée. Le peintre tente toujours de faire transparaître une certaine sensibilité à travers son modèle.
Dans ses portraits, Joseph Castaing applique en partie les leçons de Bonnat : sobriété et dignité du modèle. Il a aussi retenu les leçons de peintres plus indépendants, comme Carrière : simplicité, imprécision de la touche, rythme. Il est héritier de toute une tradition française et flamande vieille de plusieurs siècles.
Enfin, et c’est finalement évident, il est beaucoup plus libre lorsqu’il se consacre à sa famille. La technique de la sanguine, rarement utilisée à l’époque pour des œuvres achevées est ici privilégiée pour ces portraits plus intimes. Castaing sent la grande force expressive qui se dégage naturellement de ce médium. Il fait incontestablement partie des maîtres de cette technique, sachant utiliser l’instrument avec une sensibilité toute personnelle et réussissant à faire surgir de ces dessins une humanité, une poésie discrète et quotidienne unique.
En lien intime avec le portrait, l’art de l’autoportrait n’a pas par contre rencontré un grand écho chez lui. Sa nature humble et réservée ne l’a pas poussé à beaucoup s’intéresser à cet exercice.