Art Mythologico – Profane

Si Joseph Castaing a bénéficié de nombreuses commandes d’institutions religieuses, il n’en est pas de même de la part des instances laïques. De toute sa carrière il ne recevra qu’une seule commande de la part de la ville de Pau, dix peintures devant décorer les écoinçons du plafond de la salle de théâtre du Palais d’hiver, lors de la construction de l’édifice en 1898. Pau vivant principalement du tourisme à cette époque, il lui fallait se doter d’infrastructures modernes et prestigieuses, dont le Palais d’hiver restera l’un des symboles les plus marquants à nos yeux. Seules deux peintures de cet ensemble nous sont parvenues, mais elles permettent de constater que contrairement à son œuvre religieuse, Castaing obéit à des règles artistiques plus classiques, répondant à un goût plus bourgeois, sans toutefois plonger dans un académisme rigide.

Thalie, muse de la poésie pastorale. Palais d’hiver, Pau, 1898

Même si la municipalité ne commandera plus rien à l’artiste, sans doute à cause d’une politique artistique timorée, cet ensemble impressionne durablement les esprits. Conjugué au rôle joué par les Tardieu, cet ensemble ouvre une voie nouvelle pour la décoration de plusieurs villas, magasins et un restaurant principalement à Pau, au total seize sites recensés de nos jours. Parmi les plus importants : la villa « L’Hermitage » en 1900, la villa « Riquoir » l’année suivante, la villa « Montpensier » en 1908, la villa « Etchéchurria » en 1909, l’hôtel Beauséjour en 1910 et la villa « Henri IV » en 1910 et 1911. Les premières productions reprendront pendant quelques années des thèmes rencontrés au Palais d’hiver, ce qui prouve le succès de cette décoration et le lien direct entre elle et les premières commandes privées. Comme pour la décoration religieuse, la plupart des villas accueillent des toiles marouflées sur les murs, à l’imitation des fresques.

Putti, nymphes, jeux innocents et activités galantes, thèmes chers à la société de la Belle Époque en mal de justifications et de divertissements à ses angoisses, ne correspondent pas à la production générale de l’artiste. Joseph Castaing est pourtant souvent parvenu à exalter dans ces commandes des motifs qui lui étaient chers : la femme et les enfants, les scènes de vie quotidienne, comme la fontaine, la lecture, la méditation, sujets à portée symbolique, dans lesquels émotions et idées transparaissent. Il refuse les poses alanguies, les corps parfaits de femmes à la blancheur de lait dénudées et juvéniles. Il leur préfère la vérité des modèles issus de son environnement. Comme dans les décorations religieuses, le peintre parvient étonnamment à mêler la simplicité humaine à un idéalisme poétique de l’être. Même si les petits angelots voletant en toute innocence dans les toiles figurent des sujets bien peu personnels et engagés, ce sont tout de même de vrais enfants qui sont peints là, et qui finiront même par perdre à certaines occasions leurs ailes.

Seul ensemble décoratif faisant exception à ces thèmes mythologiques, celui de l’hôtel Beauséjour, aujourd’hui démoli, où Castaing réalise une vingtaine de paysages sur les murs de la salle à manger du restaurant, mettant en scène les bords de l’Ousse et du gave de Pau. Ce sont des paysages lumineux à mi-chemin entre ceux des paysagistes de Barbizon et ceux des premiers impressionnistes dans un style tout personnel, dont le rapprochement avec son compatriote Victor Galos, le plus grand paysagiste palois, ne paraît pas incongru.

En 1914 la déclaration de la guerre marque un coup d’arrêt définitif au travail de Castaing dans les villas.